Qui ne connait pas le Picpoul de Pinet et son image de compagnon idéal pour des huîtres ou d’autres coquillages ? Cette réputation a aidé à démocratiser cette appellation mais aussi à la cantonner dans un rôle assez réducteur d’un vin peu cher, simplement frais et vif sur des notes d’agrumes. C’est d’ailleurs un image assez française car le Picpoul de Pinet cartonne à l’étranger avec pas moins de deux tiers de la production à l’export.
Depuis 2018, le syndicat a entamé une démarche, un programme, qui s’appelle à très juste titre Patience. Cette patience, c’est le fait de prendre le temps d’élever le vin pour le transcender et l’amener vers une meilleure garde et vers l’univers de la gastronomie. Quelques vignerons travaillaient déjà le Picpoul blanc en élevage plus poussé avec succès mais aujourd’hui c’est l’ensemble de l’appellation qui souhaite proposer ce type de vin. Il faut dire que ce cépage est particulièrement bien loti pour élaborer de grands vins grâce à une peau assez tanique pour un blanc mais aussi des amers et une acidité naturelle.
C’est ainsi que viennent de se terminer les cinquièmes vendanges qui visent à produire des cuvées Patience dans les caves qui adhèrent au programme, soit 4 caves coopératives et 5 caves particulières aujourd’hui. Les vignerons que j’ai rencontrés sont heureux de pouvoir innover et faire un travail haute couture sur leur Picpoul de Pinet. Ce travail, il se fait depuis la vendange, la plus tardive possible afin d’avoir un grain mûr, en passant par la vinification, qui peut se faire jus par jus, en amphore ou en foudre d’acacia, jusqu’à l’élevage sur lies fines avec des bâtonnages plus ou moins intenses.
J’ai pu faire la connaissance de ces vins lors d’une journée découverte à Montpellier, au château de Flaugergues. Après une déambulation dégustative dans les jardins à la française du château, nous avons pu constater que ces cuvées peuvent accompagner un repas complet grâce à un déjeuner en accord mets et vins concocté par Léa Roque la chef du restaurant Le Folia et la sommelière Gaby Benicio (restaurant Äponem, 1 étoile Michelin). L’accord fut fusionnel avec le hareng pomme à huile, le vitello tonnato et même la tranche d’échine de cochon confite.
Voici les 9 cuvées Patience actuelles :
- Hommage à Etienne Farras, Cave de l’Ormarine
- Haerentia, Cave Les Vignerons Montagnac Domitienne
- Le Picpoul de Pinet, Cave Florès
- HB Cuvée Millésime, Cave Les Costières de Pomérols
- Féline, Domaine Félines-Jourdan
- Impériale, Château de Pinet
- Château Reine Juliette, Domaine Reine Juliette
- Abysse, Villa Noria
- La cuvée du domaine Belle-Mare
La bouteille syndicale dédiée est commune à ces 9 cuvées, le cépage aussi, mais la dégustation révèle des vins tous différents. Il faut dire que l’appellation est assez étendue géographiquement, avec des sols et des climats variés. La patte du vigneron est également un paramètre différentiel, de la vigne jusqu’à la bouteille, ils emploient tous des méthodes différentes.
J’ai adoré l’Abysse 2021 du domaine Villa Noria qui est travaillé grâce un élevage d’une année en barrique d’acacia. On retrouve bien les caractéristiques du Picpoul de Pinet mais avec plus de profondeur et de volupté. Il est classe et élégant avec une finale sur une acidité maitrisée.
J’ai aussi bien kiffé la cuvée Impériale du Château de Pinet, qu’on a dégusté sur une verticale de 3 millésimes, avec un gros coup de cœur sur le 2018 qui révèle des amers dignes de grands vins blancs.
Du côté des caves coopératives, j’ai été bluffé par la Cave Florès des vignerons de Florensac qui élabore une cuvée Patience de haut niveau. Cette cuvée c’est seulement 3 parcelles et 250 hectolitres, mais c’est beaucoup de travail. J’ai retrouvé ici le côté pétroleux que j’adore dans les Riesling. Il est accompagné de notes exotiques de mangue et d’ananas avec une sensation de douceur hyper gourmande.
Comme nous l’a dit Gaby, je suis moi aussi certain qu’on va entendre parler des nouveaux Picpoul de Pinet dans un futur proche, et qu’on les retrouvera chez les meilleurs cavistes et restaurants à l’étranger mais surtout en France.
J’aime beaucoup le Pic Poul et de plusieurs domaines !
Je ne connais pas une majorité de ceux que tu nous présentes dans ce projet de cuvées Patience. À découvrir ! Merci !